mercredi 12 juin 2013

La perle noir de Tahiti

La culture de la perle noire


1963 : la première perle noire issue d'une greffe voit le jour à Tahiti. Depuis le territoire d'outre-mer a misé sur le développement de cette industrie. Bien lui en a pris. Après avoir débuté avec moins de 2 kg en 1978, la Polynésie Française est aujourd'hui le principal producteur et exportateur de ce mythique bijou. Un quart de la production mondiale en provient. Sur le marché de la perle, Tahiti joue les premiers rôles

Il était une fois la perle

Quand un objet irritant passe à l'intérieur de la coquille d'une huitre, l'animal réagit en entourant l'objet d'une couche de carbonate de calcium. Le phénomène, uniquement obtenue par le hasard, crée alors une petite bille, dite perle. C'est la nacre. Mais à Tahiti, on découvrait parfois un phénomène rare, une perle noire naturelle. En moyenne une huître perlière sur 15 000 environ donne une perle noire naturelle

Une ressource ancestrale

Depuis toujours les Polynésiens plongent pour pêcher la Pinctada, une variété d'huitre dont ils exploitent la nacre. Autrefois exportée pour confectionner des boutons ou des touches d'instruments de musique, la pinctada était très abondante au début du siècle. Elle de plus en rare en milieu naturel

La collecte des naissains

Pourtant la collecte de naissain d'huître (huitres en bas âge) est primordiale. Clé de réussite, c'est la matière première des élevages pérlicole. Leur nombre détermine le niveau de production. Des cordes sont suspendues toute l'année à quelques mètres sous l'eau. Pendant 12 à 24 mois, les huitres vont grandir

3 à 12 mois pour que 
les huîtres grossissent

Une phase d'élevage complémentaire est nécessaire pour atteindre la taille de greffe, (10 cm environ). La coquille de chaque huitre est percée pour être attachée par un nylon le long d'une corde. Les huîtres forment ainsi une sorte de chapelet suspendu à une filière. Cette seconde phase dure de 3 à 12 mois

7.000 personnes vivent de la perle en Polynésie

La perliculture et les industries qui en dépendent emploient 7000 personnes dans plus de mille fermes perlicoles réparties dans les archipels Polynésiens. La surproduction de la fin des années 90 a forcé des sociétés à mettre au chômage technique leurs salariés pendant six mois.


Instant crucial : la greffe


L'opération prend moins d'une minute, mais va être déterminante pour la suite de la culture. Les pérliculteurs vont insérer délicatement dans une huitre un coquillage de forme ronde pour qu'il puisse devenir par la suite une perle de couleur. Les coquillages proviennent désormais pour la plupart du Mississipi. 


Une opération de greffe

très minutieuse

L'opération de greffe consiste à insérer dans la poche perlière un coquillage (nucléus) et un greffon (morceau de tissu de 1mm découpé dans le manteau d'une huître). Une opération si minutieuse, que l'industrie perlière fait parfois appel à une main d'œuvre chinoise.

Les sécrétions organiques forment une couche de nacre

Une fois inséré dans l'huître receveuse, un sac perlier se développe autour du nucléus. Ses sécrétions organiques, qui est en fait un système de défense pour l'huître, dépose une couche de nacre autour du nucléus. C'est le point de départ de la future perle.

Surveillance constante

Les huitres sont surveillées quotidiennement. La greffe est traumatisante pour l'huitre. Pendant 45 jours, des phénomènes de rejet du nucléus et de mortalité post-greffe peuvent intervenir. 

Elevage en chapelet

Les huitres qui survivent et qui retiennent le nucléus sont élevées en chapelet sur filières. La durée de la phase de perliculture nécessaire pour former une couche de nacre est d'environ 18 mois pour obtenir une épaisseur de 0,8 mm. Les taux de réussite dépendent de nombreux paramètres : état des huîtres, habileté et expérience du greffeur, qualité du nucléus et conditions d'élevage des huîtres.

L'incertitude entoure la vie
de la perle

Arrivées à maturité, les perles sont récoltées sans sacrifier l'huître. Sur 100 individus greffées, 20 meurent dans le mois qui suit, 20 rejettent le nucléus, 5 à 10 meurent en cours d'élevage. Seules 25 à 30 huîtres donneront des perles commercialisables.

La perle est obtenue au bout de trois ans de culture

Près de trois ans après l'élevage des naissains auront été nécessaire avant d'arriver à cet instant. Le perliculteur peut enfin ouvrir l'huître et découvrir la perle qu'il renferme. Le temps entre le début de l'élevage et l'ouverture des huîtres peut rendre la production très aléatoire.

La couleur du manteau de l'huître donne sa couleur à la perle

Pour obtenir des couleurs qui vont de l'argent au noir en passant par le champagne, les greffeurs ont pris soin lors de la greffe de choisir la couleur du manteau de l'huître. C'est lui qui détermine la future couleur de la perle.

Les huîtres peuvent être gréffées deux à trois fois


Le tri des perles


Chaque récolte rapporte des miliers de perle. Réunies par lot, les perles sont triées en fonction de leurs qualités : taille, rondeur, brillance et couleur..

Les perles irrégulières 
sont mises au rebut

Toutes les récoltes de perles ne donnent pas de bijoux parfaitement ronds. Souvent des perles aux formes irrégulières, dites baroques doivent pourtant être traitées. Moins appréciées, elles serviront à fabriquer des colliers.

Une couche de nacre minimum

Les perles sont triées par diamètre. Des règles de codification et de classification très précises ont été mises au point en 2001. Le diamètre de la perle varie entre 8 et 18 mm. La couche de nacre déposée autour du nucléus ne doit pas être inférieure à 0,8 mm.

5% de perles parfaites


Les perles sont triées en fonction de leur forme: rondes, semi-rondes, semi-baroques, baroques et cerclées. Si 25 à 30 huîtres sur 100 greffées donneront une perle commercialisable, seulement 5 seront classées en A (imperfections légères ne dépassant pas 10%). Les perles parfaitement rondes sont les plus rares et les plus onnéreuses

Une perle pèse en moyenne
1,6 gramme


Cet outil sert à déterminer les qualités de rondeur de la perle. Les perles sont aussi classées en fonction de leur poids. Leur poids moyen est de 1,6 gramme. Il est déterminé en grains, un grain de joaillier vaut 0,05g. Il y a 75 grains dans un momme, 3,75 grammes, les perles le splus recherchées

La perle et la joaillerie

Si les perliculteurs ne vendent pas des lots aux joailliers, certains se font eux-mêmes artisans. Robert Wan, surnommé le roi de la perle, développe également une activité de joaillerie



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